Face à la dégradation massive des récifs coralliens des Antilles Françaises, l'Aquarium s'implique depuis 2003 dans la restauration des coraux. Depuis 2019, l’équipe s’emploie à développer une nouvelle technique : l’élevage larvaire des espèces Favia fragum et Agaricia humilis.
L’Aquarium de la Guadeloupe, au travers de son association IGREC Mer* a mené la mission Planugwa dès 2003. Elle consiste à collecter en mer, lors des pontes annuelles, des larves de coraux des espèces Orbicella annularis et faveolata pour les élever en aquarium avant de les relâcher en mer. En parallèle, l’équipe de Guadeloupe a créé la première pépinière sous-marine de coraux des Antilles pour cultiver en mer deux espèces particulièrement dégradées : Acropora palmata, Acropora cervicornis. Une fois la croissance achevée, les boutures de coraux sont alors replantées en mer sur des sites dégradés. Plus de 1000 boutures ont ainsi été installées en mer au fil des ans afin de relancer la biodiversité marine.
Elever des espèces "couveuses de larves"
Mais depuis deux ans, l’Aquarium et IGREC Mer développent une nouvelle technique : l'élevage larvaire d'espèces dites couveuses de larves (brooders en anglais). Contrairement aux acroporidés qui ne pondent que quelques nuits par an, ces espèces pondent quasiment toute l'année ce qui permet d'améliorer les techniques d'élevage, d'établir des protocoles transposables aux autres aquariums de l'hexagone, de réduire les prélèvements en mer et bien sûr de restaurer les récifs naturels dégradés.
Concrètement, quelques colonies de Favia fragum et d’Agaricia humilis présentes dans les bacs d’exposition de l’Aquarium sont placées le soir dans un bac de collecte et, au petit marin, les larves de coraux expulsées pendant la nuit, sont récupérées. Les planulae issues des espèces couveuses contiennent généralement des zooxanthelles, sont entièrement formées, capables de se fixer et de se métamorphoser dans les minutes qui suivent leur libération et peuvent commencer à se nourrir immédiatement. Particulièrement fluorescentes, elles sont faciles à repérer grâce à une lumière UV et sont alors introduites dans un bac d’élevage contenant des supports de fixation. Elles se fixent alors rapidement et sont suivies durant plusieurs semaines avant d’être réintroduites dans l’Aquarium ou en mer. En choisissant ces espèces couveuses, les équipes de Guadeloupe ont pu améliorer leurs techniques de collecte et d’élevage et mieux comprendre les phénomènes de reproduction. Avec comme objectif final de prélever le moins possible d’espèces coralliennes en mer et d’être capable de générer en interne de nouvelles colonies coralliennes.
Plus d’information : ICI
* IGREC Mer : Initiative Guadeloupéenne pour la Restauration des Ecosystèmes marins.
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