Parmi les toutes premières femmes à exercer le métier de plongeur scaphandrier, Christine Follet a dédié sa vie à la mer. Retour sur un joli parcours sous-marin d’une femme de caractère.
Née au Havre, Christine avait pourtant, enfant, une peur panique de ce qui se passait sous l’eau. À l'adolescence, grâce à des amis, elle découvre la plongée sous-marine et, très vite, devient accro à cette activité qui lui permet d’appréhender la mer sous un autre angle. « Je me sentais en fait en équilibre quand j’étais immergée », se souvient Christine Follet. Mais elle travaille dans un tout autre domaine, le secrétariat, avant, à 30 ans, de vouloir faire de sa passion un métier. Elle s’inscrit en 1996 à l’Institut nationale de la Plongée Professionnelle (INPP) de Marseille, et découvre un monde très masculin. C’est là que l’on forme les futurs plongeurs scaphandriers qui sauront ensuite souder ou couler du béton par 40 ou 60 m de fond. Dans ce milieu musclé, elle est la seule femme, mais sait vite se faire accepter. Une fois titulaire de son certificat d’hyperbarie, elle travaille sur de nombreux chantiers sous-marins, plongeant dans des eaux souvent troubles à construire des buses ou des infrastructures en mer.
Cultiver des huîtres en plongée
Avec la naissance de ses jumelles, le métier avec ses longues semaines d’absence se fait plus compliqué. Elle change alors de voie pour initier un projet de culture d'huîtres en plongée. Mais pour obtenir une concession sous-marine, il lui faut un diplôme. Elle retourne donc sur les bancs de l’école pour passer un brevet aquacole et maritime. En 2000, elle crée sa ferme et installe par 14 m de fond des tables de culture. Durant 13 ans, elle élève et commercialise les fameuses huîtres Fermanvillaises qui feront sa réputation. Mais en 2017, les travaux d’aménagement d’un quai à Cherbourg chamboulent toute son activité. La turbidité et l’hyper-sédimentation de l’eau entraînent une mortalité majeure sur son parc huitrier. Elle décide alors de jeter l’éponge, envisage de se tourner vers la culture d’algues mais se heurte à une réglementation compliquée et une lenteur administrative décourageante. Elle revient alors à ses premières amours, les travaux sous-marins mais dans une version plus adaptée à sa vie de famille. Finis les chantiers l’éloignant de son domicile, elle travaille pour un expert maritime et passe toujours beaucoup de temps sous l’eau à inspecter des coques de bateaux ou vérifier des travaux. Aujourd’hui, auditrice en certification hyperbare, elle s’assure que les sociétés employant des scaphandriers connaissent et respectent les nouvelles normes liées aux travaux sous-marins. « L’eau de mer coule dans mes veines et jamais je n’ai pu m’éloigner de l’océan » ironise Christine Follet. Un milieu qu’elle a vu changer au fil des ans avec la disparition de certaines espèces, l’apparition de nouvelles, exotiques ou envahissantes. Des phénomènes accrus de tempêtes dévastatrices, de recul du trait de côte. Un espace qu’elle surveille avec attention en incitant tous ceux qu’elle croise à mieux le protéger.
Mariane Godoc
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