Repéré pour la première fois en 2013 sur le territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon, le
crabe vert est une espèce exotique envahissante qui prolifère rapidement. Au détriment
des espèces locales et de la biodiversité de l’archipel.
Si les premiers crabes verts ont été aperçus en 2009, c’est à partir de 2013 que la DTAM* mandate l’Ifremer, qui fait appel à l’ARDA – Association de recherche et de développement pour la filière pêche et aquaculture de Miquelon-Langlade – pour réaliser un programme de détection. Car ces crabes, originaires des côtes de l’Atlantique Est et probablement arrivés sous forme de larves dans les eaux territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon, sont particulièrement prolifiques et menacent la biodiversité locale.
Ainsi, après quelques rares observations les années précédentes, les données de 2022 affichent un peu plus de 1 000 crabes verts au compteur, avec un pic de plus de 100 individus en 24 heures sur une seule zone. Or les femelles Carcinus maenas peuvent porter
jusqu’à 185 000 œufs par an et on ne leur connaît pas de prédateurs de l’autre côté de l’Atlantique. L’espèce privilégie les espaces protégés des vagues et les zones sablo-vaseuses riches en herbes marines du genre zostère. « Le crabe vert affectionne particulièrement
les lagunes marines tels le Grand Étang de Miquelon ou le Grand Barachois. Deux sites riches en herbiers à zostère qui constituent de véritables nurseries pour de
nombreuses espèces et sont aussi une source alimentaire pour d’autres espèces », indique Frank Urtizberea, technicien en charge de la biodiversité à la DTAM.
Le crabe vert modifie ainsi le fonctionnement même de l’écosystème et les services rendus. Très agressif, il peut enfin s’attaquer aux larves de homards, aux mollusques et, de surcroît, déterrer les herbiers marins, qui sont à la base de la chaîne alimentaire.
Limiter l'invasion par le trappage
Pour lutter contre cette invasion, la seule mesure consiste à pêcher un maximum d’individus chaque année. L’objectif de la DTAM est d’intensifier la technique du trappage qui a porté ses fruits dans plusieurs zones de la « région » avoisinante. Des casiers sont donc installés dans différentes zones sensibles afin de piéger ces crabes, mais l’effort doit encore être accru pour tenter d’enrayer l’invasion du territoire. La DTAM poursuit son effort de détection, effort qui devra être renforcé par une phase de trappage intensif. L’objectif aujourd’hui est de fédérer les efforts pour être efficace dans cette lutte.
Une chose est sûre, il va falloir que tous les acteurs du territoire s’impliquent pour limiter cette invasion, préserver la biodiversité de Saint-Pierre-et-Miquelon et ses ressources marines.
*Direction des territoires, de l’alimentation et de la mer, émanation locale du ministère de la Transition écologique.
Mariane Aimar
Article à retrouver dans le magazine Outre Mer Grandeur Nature
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