La laguna de Iguaque
- CORAIBES BLOG
- 3 juin
- 3 min de lecture
Carnet de voyage "Des Caraïbes aux cimes Andines"
L'ascension vers la laguna de Iguaque
Joli challenge aujourd'hui ! Villa de Leyva se situe à 2100 m d'altitude dans la cordillère orientale des Andes et nous partons en randonnée jusqu'à une lagune localisée à 3600 m. Une marche de 6 h dans le sanctuaire faunistique et floristique d'Iguaque. Accompagnés par Awad, un guide naturaliste colombien, nous débutons par une quinzaine de kilomètres en voiture pour rejoindre l'entrée de la réserve. Une route bien cabossée entourée d'eucalyptus, de pins et de fincas cernées de hauts murs de pierres. À l'entrée du sanctuaire, des gardes forestiers nous attendent, prennent soigneusement nos noms et nous montrent une petite vidéo présentant la difficulté du parcours et les espèces observables. Visiblement, nous sommes les clients du jour.
Monter, grimper, grimper encore
Le sentier débute en douceur le long d'une petite rivière à 12° et Awad nous observe jusqu'à la station de repos numéro 1. Pas mal de visiteurs s'arrêtent là, les guides, obligatoires pour l'ascension, surveillant la forme de leurs clients à ce stade de la randonnée. Trop essoufflés, le cœur en panique, ils sont invités à redescendre. Pour nous, ça va, le test se révèle positif et nous continuons notre ascension. Il nous reste 9 stations de repos avant la fameuse lagune. La forêt se dévoile magnifique, peuplée d'espèces nouvelles pour nous, des orchidées endémiques, des oiseaux inconnus, des arbres centenaires. Awad sait observer le moindre papillon ou insecte qui longe le sentier et nous montre toutes ses trouvailles avec passion.
En manque d'oxygène
Au fur et à mesure de l'ascension, l'oxygène se fait rare et nous sommes rapidement en manque d'air. Une pause tous les 50 m, puis tous les 30, puis tous les 10. Awad nous apprend à récupérer plus vite, à gonfler profondément nos poumons. Une respiration très proche de celle du yoga en fait. Puis, il insiste sur l'aspect mental de cette randonnée. Physiquement, elle est dure, mais tout se passe avant tout dans la tête...
Quand la mémoire s'en va
Au-delà du manque d'air et de l'essoufflement, nous découvrons bientôt que l'un des effets de l'altitude est la perte de mémoire. Par manque d'oxygène justement. Nous voilà à vouloir chanter pour nous motiver dans cette longue marche vers le sommet. Et rien ne vient ! Pas une parole, aucun souvenir de chanson même enfantine ! Awad nous rassure, c'est un phénomène normal qui ne durera pas. Mais ça fait drôle tout de même de vivre en hypoxie.
Des escaliers à perte de vue
Parvenus à la station 8, nous découvrons une enfilade d'escaliers de bois grossier à perte de vue. Nous sommes à 3400 m, la végétation se fait rase, voire minuscule, nos poumons aussi et nous entreprenons cette avant-dernière ascension. Nous avançons pas à pas, marquant une pause tous les 3 m. Malgré le paysage magique, nous ne voyons que nos pieds. La randonnée devient vraiment difficile. À la station 9, nous nous affalons sur les bancs, profitons du spectacle des Andes qui s'étalent à perte de vue. À 150 m d'altitude au-dessus de nos têtes se trouve, paraît-il, un lieu mythique pour les premiers Indiens, le berceau de l'humanité où la première femme serait née. La lagune d'Iguaque. Nous n'y parviendrons pas. Il reste 150 m de dénivelé soit 3/4 d'heure de marche à cette altitude. L’orage gronde, le ciel vire au violet et nous avons atteint nos limites. Il est temps de redescendre.
3h d'une interminable descente
Heureux d'être arrivés jusque-là, nous entamons la descente qui ne sera pas facile pour autant. Des dizaines de marches d'escalier. Des centaines de cailloux à éviter, des roches glissantes. Les genoux qui manquent d'huile, qui grincent. La fin nous paraît interminable. Parvenus au parking, c'est la délivrance. Awad nous félicite, nous n'avons pas atteint la lagune, mais nous sommes montés bien plus haut que la plupart des visiteurs ! S'en suit le retour à l'hôtel, un repas rapide et, à 19h45, extinction des feux. Nous dormirons 11 h d'affilée !
Mariane Aimar
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