Saint-Georges, la capitale de de l'île de Grenade, est une ville élégante à l'architecture surprenante. Une ville comme il y en a peu dans la Caraïbe.
Saint-Georges est une ville à l'architecture superbe, un ancien comptoir français mais aussi anglais puisque les deux pays se sont disputés l'île durant des décennies. C'est à Richelieu que l'on doit la fondation de la ville en 1650. Les bâtiments sont alors érigés en briques fabriquées sur les collines avoisinantes et, grâce à une activité cyclonique très faible sous cette latitude, ils ont traversé superbement les siècles.
Dans les ruelles escarpées, de nombreuses maisons colorées et en bord de mer, les anciens comptoirs, souvent superbement rénovés et abritant aujourd'hui les commerces de la capitale. La ville est élégante, propre et vit toujours au rythme des nombreuses embarcations de pêche et de cargos qui chargent et déchargent leur marchandise. Cette immense baie bien abritée accueille aujourd'hui la marina Port Louis qui offre des prestations haut de gamme pour de nombreux voiliers et yachts de luxe.
Des pêcheurs de haute mer
Ici, peu de barques de pêche comme on en voit dans les îles françaises. Les navires sont de grosse taille, équipés pour la pêche au large et cela interpelle. Nous déambulons avec intérêt devant ces bateaux colorés et bien vite un pêcheur nous invite à monter à bord. Nous découvrons alors quatre hommes heureux de parler de leur métier, mais qui vivent dans des conditions difficiles à décrire.
Leur pêche s'effectue à plus de 200 miles au large, plein Est, dans une mer houleuse et ventée. Les conditions de vie à bord sont plus que précaires. Une cuisine réduite à sa plus simple expression et, en fond de cale, 2 matelas en mousse, sales et défoncés, qu'ils se partagent à tour de rôle. L'ensemble respire la misère, la vie difficile, le dur labeur, le risque constant. La sécurité est basique, deux vieux gilets déglingués trainent dans un coin. Leur pêche est ardue, ils déroulent leurs longues lignes à l'eau, d'énormes hameçons tous les 10 m dans lesquels il est facile de se faire piéger. Des hameçons qui, s'ils emportent un homme, le coulent par 20 m de fond. Nous passons un bon moment à discuter avec ces hommes taillés à la hache, marqués par une vie inimaginable dans nos îles riches. Des hommes tout sourire, qui nous ouvrent leur vie sans façon et posent en toute simplicité pour la photo.
Un tunnel pour relier les deux façades de la ville
En 1894, les français construisent un tunnel entre les deux parties de la ville pour que les voitures tirées par les chevaux puissent circuler facilement. Il faut dire que la ville est construite à flanc de colline et que les épices et autres marchandises produites sur Grenade doivent pouvoir être embarquées facilement sur les navires retournant en Europe. Le tunnel est toujours en place aujourd'hui et accueille à la fois piétons et voitures dans une proximité un peu déroutante pour le touriste venu des grandes villes.
Une ville tournée vers le tourisme
D'immenses bateaux de croisière accostent plusieurs fois par semaine à Saint-Georges. Une galerie marchande avec climatisation, wifi, bijouteries haut de gamme et commerces d'artisanat leur est dédiée. A deux pas, le marché avec ses étals colorés, ses fruits tropicaux et ses épices. Grenade, surnommée l'île aux épices, est fidèle à sa réputation et la cannelle, le clou de girofle et bien sûr la noix de muscade sont présents partout sur le marché. Au détour d'une allée, une rencontre surprenante : trois grosses carapaces de tortues marines sont en vente. Pourtant, la pêche de cette espèce protégée par la convention de Washington, est bien interdite sur l'île. Mais ici, tous les moyens sont bons pour faire rentrer quelques dollars et certains pêcheurs continuent ce qu'ils appellent une pratique traditionnelle.
Pour la petite histoire
Peuplée par les Caraïbes avant l'arrivée des Européens, la Grenade est d'abord une colonie du royaume de France de 1649 à 1763. À la suite de la guerre de Sept Ans, elle est léguée au royaume de Grande-Bretagne par le traité de Paris. Reconquise par la France durant la Révolution américaine, elle redevient britannique grâce au traité de Versailles de 1783. Le pays accède à son indépendance du Royaume-Uni le 7 février 1974. La Grenade devient le Gouvernement révolutionnaire populaire de la Grenade, un État communiste, de 1979 jusqu'à l'invasion américaine de 1983. Le nouveau gouvernement aura alors en charge de relancer l'économie de l'île et notamment le tourisme, principale source de revenus de Grenade.
Mariane Aimar
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