Saint-Barthélemy fait figure de pionnier dans la recherche sur les macroalgues des Antilles françaises. Pour la première fois, une étude approfondie de ces organismes marins est menée sur l'île. Initiée par l'Agence Territoriale de l'Environnement (ATE) cette recherche s'appuie sur une méthode génétique.
Face à la prolifération des algues dans le milieu marin, l’ATE a fait appel à Mayalen Zubia, maître de conférences en écologie marine et experte des algues tropicales pour assister les équipes scientifiques locales. Leur objectif : mieux comprendre le lien entre la disparition des coraux et l’envahissement algal qui frappe le territoire.
Une approche génétique pour une identification précise
Mayalen Zubia et Christophe Vieira (Université de Jeju, Corée du Sud) ont ainsi collecté près de 400 spécimens dans dix stations marines différentes. Grâce au séquençage génétique, ils ont pu identifier avec précision un grand nombre d'espèces parmi les 232 morphotypes collectés. « Cette méthode permet de compléter les observations morphologiques traditionnelles et d'obtenir des données précises sur la répartition biogéographique des algues » indique la chercheuse basée en Polynésie. Cet inventaire constitue le point de départ incontournable pour préserver la richesse naturelle des fonds marins et assurer la pérennité des récifs coralliens.
Pourquoi les algues prolifèrent-elles ?
La prolifération des algues est multifactorielle. Le déclin des récifs coralliens, souvent lié au réchauffement climatique et à la pollution, crée des habitats vacants que les algues colonisent rapidement. Parallèlement, l'eutrophisation des eaux, causée notamment par les rejets d'eaux usées, fournit aux algues les nutriments nécessaires à leur croissance. Enfin, la surpêche des herbivores marins, tels que les poissons et les oursins, déséquilibre l'écosystème en supprimant les principaux consommateurs d'algues. Face à cette situation, quelles sont les solutions ? « Il convient de mettre en œuvre des actions coordonnées visant à améliorer la qualité physico-chimique de l'eau, à réguler les activités anthropiques impactantes et à favoriser la résilience des écosystèmes coralliens » souligne Mayalen Zubia.
Ekoalg, une association dédiée à l’étude des algues
Constatant un manque de connaissances sur les algues dans les territoires qu'elle étudie, Mayalen Zubia a créé l'association Ekoalg. L'objectif ? Transmettre son expertise et pérenniser ses recherches en formant les gestionnaires locaux. L’occasion aussi d’élaborer des outils d'identification des espèces et des guides illustrés pour combler ce manque.
Mariane Aimar
Article paru dans le numéro 25 de Outre Mer Grandeur Nature.
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