L’Aquarium de la Guadeloupe est l’une des structures touristiques les plus visitées de l’île et en 35 ans d’existence, il n’a eu de cesse de s’adapter et d’évoluer. Entièrement rénové en 2018, il propose une immersion grandeur nature dans la mer des Caraïbes et s’emploie en parallèle à développer des techniques innovantes de restauration écologique du milieu marin.
Entièrement dédié à la faune marine caribéenne, l’Aquarium de la Guadeloupe permet d’aller à la rencontre d’espèces souvent difficiles à observer en mer. Un bassin présente ainsi des hippocampes, devenus rares en milieu naturel en raison de la surpêche dont ils ont longtemps été victimes. Car jusqu’à récemment, la poudre d’hippocampe était encore très prisée sur les marchés de Pointe à Pitre où on leur attribuait des vertus aphrodisiaques. Jamais confirmées, ces vertus ont malheureusement conduit à la quasi-extinction des espèces locales. Heureusement, les hippocampes sont aujourd’hui protégés et l’Aquarium travaille à des techniques de reproduction en laboratoire. Lors de votre visite, prenez donc le temps d’observer les centaines de jeunes hippocampes présentés dans la salle de quarantaine. Installés dans des bacs d’élevage, ils se laissent admirer facilement.
Objectif, conservation des espèces
La reproduction des espèces marines est aujourd’hui l’une des activités essentielles des aquariums et celui de Guadeloupe n’est pas en reste dans le développement de ces techniques. En effet, face au déclin des espèces en mer, ces structures accueillant de la faune sauvage sont plus que jamais un lieu de sauvegarde et de conservation. Ainsi, en Guadeloupe, l’Aquarium est à l’initiative de nombreux programmes de restauration des écosystèmes marins. En 2008, il lançait Planugwa, la première opération de collecte de gamètes de coraux. Au fil des ans, ses équipes ont ainsi appris à récupérer des œufs lors des pontes annuelles massives, à les élever puis à les remettre en mer sur des récifs dégradés. Une manière de donner un coup de pouce à des espèces qui ont subi ces vingt dernières années les effets combinés de la surpêche, de la pollution des eaux, des cyclones et du réchauffement climatique. Après avoir mis en place des programmes de restauration des mangroves, autre écosystème malmené des Antilles, l’Aquarium s’est également penché sur la pêche et l’élevage de post-larves de poissons. Avec comme objectif de développer des techniques de repeuplement des lagons. Les post-larves sont ainsi pêchées en mer, étudiées et élevées en aquarium avant d’être réintroduites en mer au stade de juvéniles. A ce moment-là, plus grandes, elles sont mieux armées pour se défendre face aux prédateurs et ainsi atteindre un jour la taille adulte.
24 films et un audio-guide pour une visite instructive
Tous ces programmes scientifiques sont largement présentés à l’Aquarium au fil de la visite grâce à 24 écrans diffusant en continu des films pédagogiques. Pour le visiteur, c’est ainsi un moyen d’enrichir ses connaissances et d’aller au-delà d’une simple observation des poissons, gorgones et coraux dans leurs bacs de présentation. Et pour affiner votre visite, un audio-guide en trois langues vous est proposé gratuitement. Il permet lui aussi d’en apprendre plus sur les habitudes alimentaires ou comportementales des habitants des récifs. Et de ressortir ainsi avec de véritables connaissances sur la faune marine tropicale.
Un centre de soins pour les tortues marines
Depuis sa création l’Aquarium s’est mobilisé pour la défense des tortues marines qui n’étaient pas encore protégées par l’arrêté préfectoral de 1991. L’Aquarium a, dès le début de son existence, rejoint les précurseurs de la protection des tortues en Guadeloupe, soutenu pour cela par Jacques Fretey du Muséum National d’Histoire Naturelle. Il a donc créé l'association Karet destinée à gérer le centre de soins. L'association a été rebaptisée en 2007 IGREC Mer pour Initiative Guadeloupéenne pour la Restauration des Ecosystèmes Marins.
Le centre de soins des tortues marines de Guadeloupe a pour objectif de recueillir des tortues blessées ou saisies par les autorités, de les soigner et de les relâcher. Le centre de soins, le seul des Antilles jusqu'à ce jour, est hébergé par l’Aquarium à titre gracieux.
Ce dernier met à disposition de l’association son personnel, son matériel et ses moyens techniques. Les achats courants sont également assurés par l’Aquarium (nourriture, essence voiture ou bateau, petit matériel).
Emmanuelle Descoraux
Article paru dans le magazine Arc en Ciel N°94
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